aux confins de Lure

                              Aux confins de Lure-

généralités.

 —–Contexte paléogéographique.

Lure appartient au bloc Provence, limité à l’ouest par la faille de Nîmes, à l’est par la faille de la moyenne Durance, et au nord par le chevauchement Ventoux-Lure.-ph1.                       Les terrains sont essentiellement Barrémiens et Bédouliens à faciès urgonien, typiques d’une plateforme carbonatée (PFC), et au nord au–delà d’une ligne Sault-Simiane, le Bédoulien est constitué de calcarénites, calcaires marneux, calcaires à silex.-ph2. Cette partie nord du bloc du bloc Provence correspond au talus qui reliait la PFC au bassin Vocontien au nord (Baronnies actuelles).-ph3.

——- Le relief tabulaire de Lure est très karstifié, parcouru par d’anciens petits cours d’eau aujourd’hui à sec qui l’ont entaillé en gorges profondes. les rares rivières sont partiellement absorbées : le Calavon dans le canyon d’Oppedette, la Nesque après Monieux, dans sa gorge. La Fontaine de Vaucluse est le seul exutoire de cette grande zone karstique de 1200 km². Le karst est couvert ; une couverture épaisse recouvre la roche calcaire (sol, éboulis cryoclastique), le long des failles -ph4) ; entre les deux, une zone de corrosion avec dissolution intense, humidité permanente. ex : Faille de Monieux -ph5.

——-carte au 1/250000.ph2.

Le bloc Provence présente dans sa partie nord et de l’ouest vers l’est, 3 zones :

1-les monts de Vaucluse ; les failles nombreuses donnent des fossés NE-SW (Lioux, Murs, Sénanque), remplis de tertiaire.

2-le plateau de St Christol constitué de calcaire à faciès urgonien très karstifié.

3-le champ de fractures de Banon (qui nous intéresse dans cette sortie), dans les calcaires bédouliens typiques de talus continental, très karstifiés. Les failles normales très nombreuses sont à l’origine de grabens étroits remplis de gargasien (marnes noires à ammonites- surtout à Chateauneuf Val St Donat), et Carniol, et de grès et sables verts glauconieux, turbiditiques albiens. Ces fossés sont orientés N à N20 et sont recoupés par des failles N160.

++Remarque 1 :  les failles nombreuses de direction N à N20, N-S à N160, N40 à N45 ne traversent pas le synclinal d’Apt au sud et les Baronnies au nord. Elles n’affectent que les calcaires barrémiens et bédouliens de Ventoux-Lure.ph2. Les fossés étroits délimités par ces failles normales, remplis de sables et grès albiens sont le plus souvent cultivés en lavandes.- ph6.

++Remarque 2 : au sud du fossé de Sault, mais aussi au sud de Banon (traits en rouge sur ph2), on peut noter la présence de failles de Riedel qui indiquent un mouvement décrochant vers le SW (FN20 par rapport aux failles N40). -ph2 et 7a,7b. Les failles N160 recoupent les failles N20 ; elles sont postérieures, dextres, elles réajustent les blocs après leur mouvement vers le SW.-ph8.

——-comment expliquer la présence et l’abondance de ces failles ? 

Les géologues pensent que les failles seraient une modalité superficielle des phénomènes de plissement, car les calcaires à faciès urgonien, très épais, n’ont pas pu se plisser comme le crétacé inférieur, au-dessous, qui forme de belles disharmonies sous des couches bien plus épaisses ; ex ph9 dans la vallée de la Méouge (Baronnies).                                                       Un réseau de fractures a été sa façon de se plisser. Quand ?  probablement lors de la phase bartonienne, il y a 40MA qui a donné les chevauchements provençaux (Bandol, Ste Baume, Etoile, Nerthe, Vinon, Ste Victoire) et des plissements plus au nord (Alpilles, Luberon, Ventoux-Lure) avec, certainement une reprise lors des phases alpines du miocène (chevauchement Ventoux-Lure sur les Baronnies).                                                              Cependant, la formation du bombement durancien a fait commencer la fracturation dès l’albien car les chenaux de turbidites ont emprunté des failles pour descendre jusque dans le bassin Vocontien, en particulier dans la zone de l’Hospitalet-Saumane où les failles ont un très grand rejet vertical.

Les différents arrêts vont apporter des précisions.

Arrêt1 :  rocher d’Ongles. ph10.

FN N45.    n5_ calcaires fins du bédoulien. Miroir de faille en partie préservé.ph11.

n6-b7- grès verts   albien, clansayesien. = albien sup.

et dans la plaine, cône de déjection venant des pentes de Lure.

cavités karstiques nombreuses.ph12.

Albien abaissé par rapport au bédoulien. On est dans le champ de fractures de Banon.

Arrêt 2 : Ongles.ph 13 à 16.

Dans l’albien, grès verts,  présences de boules dans des chenaux épais de plus d’un mètre.

On a vu ces boules à Rosans (venant du massif central (marge passive ardéchoise) et dans le Jabron, venant de Lure.

Certaines présentent une altération en boules ( desquamation concentrique).

Ces boules ont une origine diagénétique. Elles ont en leur centre un nucleus qui peut être un ou plusieurs galets mous carbonatés, arrachés à la pente du talus par la turbidite. Une cimentation carbonatée centrifuge va être plus poussée autour des galets mous que dans l’ensemble du sédiment sableux que constitue la turbidite. La cimentation cesse lorsque le stock de carbonates en solution apporté par  l’eau de mer circulante au sein de la masse sableuse est épuisé.                                                                                                                                            Ces chenaux descendaient depuis la plateforme continentale, vers la fosse vocontienne, dans l’actuelle vallée du Jabron. On va voir un peu plus loin, le chemin emprunté par ces chenaux.

Arrêt 3 :  vers St Etienne les orgues.

Présence d’autres boules de grès dans l’albien, donc autre chenal qui se dirigeait vers la fosse vocontienne (certaines boules ont été accumulées  près d’un arbre pour ne pas encombrer les champs).ph17-18.                                                                                                         Contact faillé entre les calcaires bédouliens et les grès verts albiens. FN  N45 le long de la route. Dans le grand virage une autre FN  N160, dextre, postérieure à la FN N40. On est encore dans le champ de fractures de Banon.ph19 à 22.

Arrêt 4 : après Lardiers, grand virage.

Lardiers est située dans le fossé albien recouvert par un cône de déjection quaternaire venant des sommets de Lure.                                                                                                                          Un peu plus loin, 2 FN presque N-S dans les calcaires bédouliens,  limitent un étroit fossé albien.ph6-23-24.

Une avant le virage N20, l’autre juste après. Brèche de friction, pas d’escaliers de calcite._ph25.                                                                                                                                                          Puis la route D12 serpente dans les calcaires bédouliens  et revient dans le petit fossé, étroit, de grès albiens qu’elle longe depuis le col de Buire jusqu’à l’Hospitalet où le calcaire réapparaît, mais recouvert par les cailloutis quaternaires (Fy).ph26.

Arrêt 5 : entre l’Hospitalet et Saumane. Parking grand virage.ph27 à 31.

Le grand virage traverse l’étroit fossé albien limité par des FN N20.puis la route revient sur les calcaires bédouliens avant de repasser dans le fossé albien de Saumane.                     Entre Lardiers et Saumane, on a traversé 3 étroits fossés albiens limités par des failles normales. Le fossé de Saumane est recouvert par des cailloutis quaternaires, sauf sur les bords.

Arrêt 6 : vers Girons, Anglars, retour par l’Hospitalet. Lavoir, table parking.

Fossé étroit dans les calcaires bédouliens. FN NW-SE (N140) au niveau des
Girons et FN N20 au niveau des Anglars, dans le fossé albien, recouvert de cailloutis quaternaires.ph32-33.

Puis sur la route, une FN verticalisée, N20, présentant des stries verticales, des arrachements et des cannelures, indiquant le sens du jeu de la faille (vertical).ph34 à 37.

Brèche de friction, quelques rares enduits de calcite car l’eau s’infiltre vite et il n’y a pas de place pour la croissance des cristaux de calcite, aucun espace entre les lèvres de la faille. Le rejet de cette faille est très important, Elle affecte tout le crétacé, alors que les autres ont un rejet plutôt faible (quelques dizaines de mètres).ph38.

Arrêt 7 :  la Rochegiron.  Parking du Jonquet, puis Vière.

Cône de déjection quaternaire qui envahit le fossé albien (partie nord du fossé de Banon).ph39.                                                                                                                                                               2 FN N160 limitent le fossé albien au niveau du Jonquet.ph40-41.

Le petit hameau de Vière est juché sur un promontoire dans les calcaires bédouliens entaillés en gorge par un ancien petit cours d’eau aujourd’hui à sec.ph42.

 

Arrêt 8 : Banon.

Banon se trouve au bord du même fossé que Saumane et la Rochegiron, au débouché d’une petite gorge taillée dans le bédoulien. Le fossé albien est recouvert par des alluvions venant de cette gorge et de celles provenant, plus en amont, de la Rochegiron.ph43-44.

 

Arrêt 9 : Carniol  et Valsaintes. (camping et roseraie de l’abbaye= boulinettes).

Dans le fossé albien, dans un chenal gréseux, turbiditique, des boules de grès.ph45 à 49.

On peut reconstituer le tracé des chenaux turbiditiques qui descendaient du plateau continental, à l’albien, depuis Valsaintes, Carniol, et rejoignaient le bassin Vocontien.ph50-51. L’essentiel des chenaux passait au niveau des failles entre l’Hospitalet et Saumane – les Anglars FN N20.ph52-53.

 

complément photo:

ph54. effervescence dans une boule de grès à glauconie albienne, alors que le grès lui-même, plus riche en quartz ne fait que très peu effervescence.

ph55 et 56. faille de l’Hospitalet, arrêt 6: la faille normale de l’Hospitalet a dû rejouer en faille inverse

car des indices sont présents sur le miroir de faille, en bordure de la route.

–escaliers qui montrent un mouvement vers le haut du bloc érodé qui est sous nos pieds.

–stries profondes vers le bas et très superficielles vers le haut du miroir qui indique un mouvement vers le haut du compartiment érodé, sous nos pieds.

ce rejeu en faille inverse date très certainement du contrecoup alpin, fin miocène, qui a fait chevaucher le bloc Provence sur les Baronnies et comprimé cette partie proche du chevauchement