Le Massif de la Sainte Baume

le massif de la Sainte Baume

3 journées sur le terrain auront été nécessaires pour connaître les grandes lignes de la géologie du massif.

Le massif de la Sainte Baume est constitué de 3 unités structurales :

– Unité autochtone

-Unité allochtone (nappe du Beausset et de Roqueforcade).

– Unité parautochtone ph1 carte2

1- Unité autochtone :

——anticlinal de la Lare d’axe N40, grande masse de jurassique sup et crétacé inf.

——synclinal du Plan d’Aups, crétacé sup, en grande partie santonien. Il repose en discordance

sur le valanginien (crétacé inf) de la Lare. ph3 On se trouve à la limite du bombement provençal émergé, ici,

depuis le crétacé inf et du bassin sud Provençal ph4. Témoins de cette émersion : les poches de bauxite sur la

route de Nans les Pins ou les oxydes de fer, seul reliquat de ces bauxites sur le massif de la Lare ph5-6. Au sud

de la Lare, sous le santonien, on a tout le crétacé inf sur une épaisseur de 400m environ, renversé mais bien

présent. ph7

Le santonien du synclinal du Plan d’Aups, présente un faciès de plateforme carbonatée :

Rudistes abondants : Vaccinites, Radiolites, entiers ou en débris, avec des valves supérieures (droites) bien visibles, hippurites isolées ou en bouquets, en position de vie ou non, nérinées (gastéropodes), huîtres, chaettetidés (éponges), nombreuses milioles (foraminifères) dont Lacazina compressa qui date les sédiments du santonien. ph 8 à 19

Plusieurs fois, cette plateforme carbonatée, à la vie exubérante, est recouverte de détritique (grès), les stratifications obliques montrent des variations de courant ; le sable s’étalant sur la plateforme tue tous les organismes vivants. Ph20

Vers la ferme de la Brasque, le santonien terminal laisse place à 3 niveaux appelés écozone du Plan d’Aups.

Premier niveau : calcaires sombres, argileux, riches en matière organique, les fossiles nombreux sont des lamellibranches, des gastéropodes d’eau douce à saumâtre. On y trouve également des oogones de Charas. ph21 à 23

Deuxième niveau : entre les calcaires, des marnes noires à lignite qui fut exploité au siècle dernier. Le col de la machine, un peu plus haut rappelle le treuil qui remontait les wagons chargés ; ceux-ci descendaient vers Gémenos par une voie bien pentue. ph24-25

Troisième niveau : un bioherme à lumachelle d’ostrea acutirostris (galloprovincialis) en position de vie, dôme formé par l’accumulation de larves d’huîtres sur un fond marneux. L’étang de Thau actuel est une image très ressemblante de ce qui existait à la fin du santonien. Ph26-27

Au-dessus du col du Marseillais, les couches du flanc sud du synclinal du Plan d’Aups sont renversées. Ph28

C’est un synclinal asymétrique avec un flanc nord qui pend un peu vers le sud et un flanc sud renversé.

Dans le vallon de St Pons, au-dessus de Gémenos, le synclinal du Plan d’Aups a son axe verticalisé.

A gauche (Nord) le flanc normal ; au milieu, le cœur du synclinal est constitué de valdofuvélien lacuste et ligniteux, à droite (sud) le flanc inverse est renversé.

En résumé, à la fin du valanginien il y a émersion (bombement provençal), un sol va donc se développer sous climat tropical, Ce qui reste de cet épisode est la bauxite.

La mer revient au coniacien-santonien, plateforme carbonatée, peu profonde avec tendance à l’émersion, le continent proche amène du détritique épisodiquement.

Puis le milieu devient franchement continental, avec les sédiments de l’écozone, avant que le plissement ne commence.

2- Unité allochtone :

On peut la voir aisément en 3 lieux privilégiés :

-au-dessus du poljé de Cuges-les-Pins dans le bassin du Beausset.

-dans le ravin de St Pons au dessus de Gémenos.

-dans le synclinal du Plan d’Aups.

a- dans le ravin de St Pons :

La nappe chevauche l’autochtone. Depuis le col de Bertagne, on la voit à droite du chemin de la Glacière (au Nord) avec sa « couche savon », argiles bariolées du keuper, à gypse anciennement exploité. L’hettangien à fines lamines est au-dessus, puis le bajocien-bathonien, marnes et marnocalcaires à zoophycos et enfin le kimméridgien, calcaires gris et fins qui forme la barre St Vincent. Ph 29 à 33

Un fragment de miroir de faille dans les calcaires gargasiens autochtones, sous le pic de Bertagne, indique le sens du chevauchement de la nappe (du SE vers le NW). Ph34-35

Une faille oligocène l’affaisse vers le bassin d’Aubagne-Marseille. Ph36

b- dans le synclinal du Plan d’Aups :

La nappe chevauche le santonien du synclinal. Constituée, elle aussi, jusqu’à la tour de Cauvin de jurassique inférieur à supérieur : c’est la nappe de Roqueforcade (=du Beausset) avec ses dents qui se détachent bien dans le ciel de Provence. ph37 à39

Au pied Sud du pic des Corbeaux, la brèche datée du bégudien a joué le rôle de « couche savon » et permis le déplacement de la nappe vers le Nord. Ph40-41

Cette brèche est le produit de l’érosion du relief de la Ste Baume 1 érigé dès le fuvélien. Ph42 Cette partie de la nappe, après être passée au-dessus de la haute chaîne a pu progresser sur cette semelle bréchique.

La brèche, avec le jurassique de la nappe, est visible également dans la descente vers St Zacharie près de la ferme grande Bastide. Ph43

c- au- dessus du poljé de Cuges-les-Pins :

Du vallon de la Madeleine aux ruines de Siblette, le chemin traverse la nappe qui pente vers le Sud. D’abord le bajocien-bathonien, calcaires massifs clairs puis marnes et marnocalcaires à zoophycos, puis les autres étages jusqu’à l’hettangien et ce qui reste de la « couche savon » : le rhétien, marnes verdâtres très schistosées. Ph44-45-46

Peu après les ruines, le chevauchement est visible sur les couches renversées (jurassique sup dolomitique) du synclinal du Plan d’Aups. Ph 47-48

Caractéristiques sédimentaires de la nappe :

Au-dessus du santonien du Plan d’Aups, en discordance, repose l’hettangien à faciès très littoral voire émergé parfois. Lamines et fentes de retraits sont fréquentes. Ph49

Des calcaires à coraux (polypiers isolés) indiquent un léger approfondissement. Ph50

Les marnes et marnocalcaires du bajocien-bathonien font suite : des zoophycos, ph51 traces fossilisées en coup de balai, galeries creusées par un limnivore (ver ?) au cours de sa recherche de nourriture dans une boue calcaire mal aérée ; les zoophycos témoignent d’une sédimentation saccadée, irrégulière dans un bassin assez profond. Des ammonites, des terriers sont assez abondants. Ph52-53 Enfin, le kimméridgien aux calcaires gris et fins, se terminant par un faciès détritique indique une profondeur moindre.

Les roches de cette nappe indiquent un milieu en voie d’approfondissement, puis de remplissage ; elle provient de l’ancien bassin sud Provençal.

3- Unité parautochtone :

Il s’agit des roches du flanc inverse du synclinal du Plan d’Aups.

On peut y distinguer : – la série renversée, écaillée, légèrement déplacée

-la série renversée et déplacée.

a- la série renversée, écaillée, légèrement déplacée.

Sur le flanc sud de la Sainte Baume, à partir des ruines de Siblette et en allant vers le jas de Miceau, le chemin passe sur plusieurs surfaces polies, recouvertes de brèches, sur des plans de schistosité de fracture ou sur des morceaux de miroir de faille portant des escaliers de calcite, le tout affectant la série renversée du synclinal du Plan d’Aups. Ph54 à 57

En fait, ce sont des écailles de terrain urgonien (barrémien) reconnaissable à ses fossiles, ses lapiaz, fentes de dissolution et dollnes, légèrement poussées vers le nord et présentant des surfaces tronquées à des altitudes différentes. Ph58 à 62.

La plus belle troncature se trouve entre le jas de Sylvain et le jas de Miceau ; des cannelures, la brèche de faille, les escaliers de calcite, indiquent le sens de déplacement de ces petites écailles (vers le nord). Ph63 à66.

La coupe simplifiée -ph67- nous a été aimablement donnée par le responsable de l’association presqu’île de Giens. Elle montre bien ce flanc sud renversé et écaillé du synclinal du Plan d’Aups.

b- La série renversée et déplacée.

C’est la haute chaîne : Une écaille plus importante du flanc renversé du synclinal du Plan d’Aups a été poussée bien plus en avant vers le nord par le chevauchement de la nappe de Roqueforcade. Les couches de tout le synclinal ont été tronquées en une discordance superbe et impressionnante. Les couches gargasiennes sont très plissotées, schistosées sous la troncature et le pic de Bertagne (haute chaîne) repose sur le cœur du synclinal. Ph68 à70

remarque : il en est de même du Candelon, près de Brignoles. –ph42.

Voici 2 vues pour terminer ph71-72, la coupe classique de JP .Caron, C.Tempier et G.Gieu 1968 ph73 et une animation qui essaie de synthétiser les grandes lignes de l’histoire du massif. anim74.