Compte rendu de notre sortie dans le Jura autour de Champagnole.
1.Géologie sommaire.
Le Jura est une chaîne dissymétrique. Sa partie interne- la haute chaîne- a des reliefs élevés. Sa partie externe comporte des plateaux qui se chevauchent formant ainsi des faisceaux plissés, longs et étroits ; des reliefs par rapport aux plateaux. ph1.
Les structures résultent du décollement de la couverture sédimentaire sur le trias qui constitue la “couche savon “. Le décollement est dû au prisme d’accrétion alpin qui a poussé la couverture désolidarisée du socle grâce au trias épais. ph2.
Le plissement se forme entre le miocène supérieur et le pliocène (11 à 3MA).
Le socle ne semble pas impliqué dans les déformations. A l’Ouest, le chevauchement se fait sur le bassin tertiaire de la Bresse.
Dans notre circuit le socle n’est pas affleurant, le trias non plus (gypse et sel exploités en souterrain).ph 3-4.
2. Chevauchement sur la Bresse et faisceau Lédonien.
Le château d’Arlay est une butte témoin de Jura chevauchant la Bresse tertiaire. Ph5. il y en a d’autres : Mantry,par exemple, mais mes photos ne sont pas utilisables.
Le premier plateau à cheval sur la Bresse qui est un bassin subsident au tertiaire à son front faillé, il forme le faisceau Lédonien.
Exemple : Poligny ph6. Château-Chalon.ph7.
Ce premier plateau est entaillé par les reculées externes qui ont pour origine l’enfoncement de la Bresse, l’érosion enlève le jurassique supérieur et porte à l’affleurement le jurassique moyen; les glaciers rissiens viennent jusqu’au débouché des reculées externes. Le creusement des reculées est guidé par les failles. ph8
Vue du fer à cheval, la reculée d’Arbois avec le panneau effondré de Mesnay.
Au fond de la reculée d’Arbois, dans le cirque (fer à cheval) ph9, la source de la Cuisance (résurgence) qui forme la cascade du tuf ph10 ; la cascade du dard au fond de la reculée du Dard (Baume les Messieurs). ph11.
Les plateaux sont fortement entaillés par le karst et les eaux ressurgissent dans les cirques des reculées.
A Salins les Bains, la faille normale de fort Belin ph12, avec une compression affectant l’aalénien à la fin du plissement jurassien, vers 3MA.
3. Chevauchement du deuxième plateau (plateau de Champagnole) sur le premier.
Il forme un deuxième faisceau entaillé par des reculées internes. Le jurassique supérieur est bien visible dans les paysages. les glaciers Würmiens ont bien élargi les reculées.
Ainsi le lac de Chalain, ancien glacier würmien qui descendait du plateau de Champagnole a abandonné ses moraines frontales qui, aujourd’hui, gênent le déversement des eaux du lac dans l’Ain. ph13-14.
La reculée du Hérisson -ph15- entaille également le plateau de Champagnole, deux lacs d’origine glaciaire occupent la partie basse de la reculée tandis que la partie amont est jalonnée sur 450m d’épaisseur par une série de cascades dont voici la plus haute (saut Girard-ph16) et la plus basse (éventail-ph17).
Les eaux issues de la fonte des glaciers venaient former un delta dans l’ancien lac de la combe d’Ain ainsi qu’on peut le voir dans la carrière de Charcier. Ph18-19.
Sur le plateau de Champagnole, à Loulle, on peut voir une quinzaine de pistes de dinosaures-ph20, qui témoignent d’une émersion localisée du jura à l’oxfordien avant son émersion généralisée à la fin du jurassique.
Il s’agit de grands herbivores (type Diplodocus) de 25 à 30 tonnes, de 25 m de long. ph21-22. Empreintes de 90cm de diamètre pour les pattes arrière sur rivage asséché (fentes de retrait-ph23) ou sous une frange d’eau peu importante (rides de vagues-ph24).
4. Faisceau salinois : chevauchement du plateau de Levier sur le plateau d’Ornans. Ph1.
Ce chevauchement se voit bien au belvédère du Moine, non loin de Pontarlier.
Ph25 et 26 qui forment le paysage vers le nord.
Près de Salins les Bains, à Marmoz, un relief vigoureux, le mont Poupet. C’est le faisceau salinois (bout du plateau de Levier ou Lédonien) qui chevauche le faisceau de Quingey ( bout du plateau d’Ornans). La photo 27 montre le jurassique supérieur de Quingey chevauché par le trias et le jurassique inferieur et moyen du Mont Poupet écaillé (répétition du Jm). La source de la Loue, au bout de la longue reculée du plateau d’Ornans, est une résurgence du Doubs (perte dans la cluse de Pontarlier- haute chaîne) au pied d’une falaise de 100m de haut (plateau de Levier).ph 28. Tout le jura est karstifié.
5. La haute chaîne.
Le lac Ilay, source du hérisson se trouve au dessus du plateau de Champagnole –ph15- dans les terrains du crétacé inférieur –ph29. Le plateau est chevauché par le Pic de l’Aigle qui appartient à la haute chaîne. C’est un synclinal jurassique supérieur-ph30, lui-même chevauché par le jurassique moyen de la chaux du dombief-ph 31-32. Le crétacé inférieur du plateau de Champagnole, proche du chevauchement, entre les lacs Maclu et Narlay est plissé-ph 33.
Les rivières entaillent les anticlinaux en gorges très étroites –ph 34 gorges de la Langouette- ou en cluses très profondes –ph 36 St Claude.
L’anticlinal coffré et érodé de “sur les grès“ –ph36-présente cluse, combe et crêts typiques du relief jurassien. Il chevauche le synclinal crétacé de St Claude-ph35.
Derrière lui, le synclinal de Septmoncel est écrasé par le chevauchement de l’anticlinal des Molunes. Il y a bourrage du crétacé inférieur au front du chevauchement, dû à la disharmonie des couches (comportement différent des couches, qui n’ont ni la même épaisseur, ni la même compétence, ni la même nature, lors d’une compression). Ce bourrage donne le célèbre pli du chapeau de gendarme.ph 37.
Un peu plus loin, autre bourrage, autre disharmonie : le pli de la Cernaise. Les couches du kimméridgien plus fines que celles du tithonien, se déforment au front du chevauchement de l’anticlinal des Molunes beaucoup plus que celles du tithonien-ph38 et donnent ce magnifique pli en champignon-ph39.