Vallon et lac du Lauzanier
Le vallon du Lauzanier est orienté S-N. C’est une vallée glaciaire, en auge à fond plat. ph1-2. Les parois de l’auge ont subi, depuis le retrait du glacier, des glissements de flancs au niveau des flyschs à helminthoïdes qui s’érodent assez bien. Des cônes de déjection de petits torrents viennent, eux aussi, adoucir la pente. De nombreuses sources prennent naissance dans les flyschs et les flyschs tassés et déplacés. ph3-4. Un bourrelet morainique isole une petite mare. ph5. Du travertin, le long d’un petit torrent soude des blocs de calcschiste du flysch et fossilise, pétrifie des mousses.ph6.
La rivière Ubayette, affluent de l’Ubaye, prend sa source au lac du Lauzanier ; elle serpente dans le fond plat de la vallée. Au fond, un verrou glaciaire a résisté au glacier. Ce verrou est constitué de grès d’Annot (siliceux) très résistant. L’Ubayette, aujourd’hui, l’entaille en petite gorge.ph7-8. De nombreux plis couchés sont visibles dans la nappe des FH (flyschs à helminthoïdes de la nappe du Parpaillon) : ce sont des plis intra-nappe.ph9. La nappe des FH progresse d’Est en Ouest depuis la fermeture de l’océan alpin au début de l’éocène. ph10-11. Elle passe à travers ce vallon entre la zone Briançonnaise et les grès d’Annot qui présentent une discordance de ravinement. La base de la nappe des flyschs est très visible dans le paysage au niveau du torrent : ce sont les schistes à blocs- ensemble sédimentaire chaotique, hétérogène, de blocs emballés dans une matrice argileuse ; ensemble qui s’est mis en place sous forme de coulées boueuses sous-marines provoquées par l’avancée de la nappe des flyschs et de la désorganisation de son front en blocs divers dans le bassin flexural qui bordait les Alpes naissantes depuis la fin de l’éocène (voir la page bassins flexuraux).
Le lac du Lauzanier est un lac de surcreusement situé juste après le verrou dans les grès d’Annot. Vers le Sud, on voit un deuxième verrou constitué par une dalle épaisse de calcaire nummulitique. Derrière, dans le crétacé sup, un autre lac de surcreusement : le lac de derrière la Croix, puis à l’horizon le tithonien et le col de la Cavale; au-delà, non visible, le massif cristallin de l’Argentera. ph12-13-14-14a-14b.
La trilogie du nummulitique caractérisant les bassins flexuraux est représentée par la succession calcaire nummulitique, marnes bleues –ici schistes à globigérines (organismes planctoniques fossilisés) et grès d’Annot, datés du priabonien (fin éocène). ph15.
Les calcaires nummulitiques ont un pendage de 20°N, les grès d’Annot 30°N ; légère discordance entre les deux. L’angle de prise de vue ne reflète pas la valeur exacte des pendages ; seule la discordance est manifeste. ph16.
Ces calcaires marquent le début de la transgression nummulitique. Les fossiles et leurs débris témoignent d’un milieu marin peu profond : lamellibranches, gastéropodes et beaucoup de petites nummulites. Les marnes bleues ou plutôt les schistes à globigérines recouverts d’éboulis se voient en quelques points et caractérisent l’approfondissement du bassin. Le passage aux grès d’Annot se fait avec quelques mètres de marnes en plaquettes (turbidites distales). ph17-18-19-20-21. La formation des grès d’Annot comprend 2 unités séparées par une discordance de ravinement. ph22. Ce sont des dépôts turbiditiques qu’on trouve dans les cônes deltaïques.
L’unité inférieure est formée d’une alternance de dépôts sableux et de niveaux pélitiques. On peut y reconnaître des séquences de Bouma. Les dépôts sableux sont des barres gréseuses organisées en séquences stratocroissantes puis stratodécroissantes et correspondent à la partie distale d’un lobe deltaïque, partie non chenalisée où la turbidite s’étale au pied du cône. Ces barres sont constituées de strates élémentaires peu visibles de loin. ph23. L’unité inférieure est formée de plusieurs lobes à turbidites distales à la base du cône sous-marin. ph24-25-26.
L’unité supérieure a un aspect plus massif. Elle constitue le verrou à l’aval du lac. Il y a peu de séquences pélitiques. Elle est composée de dépôts conglomératiques à sableux grossiers. Ces dépôts grossiers enrobés dans une matrice sableuse, se succèdent et se comportent comme une pâte épaisse qui dévale la pente dans des chenaux, en partie haute, proximale du lobe, vers le haut du cône sous-marin. ph24- 27-28-29-30. Les galets mous arrachés au talus, aux bords du canyon, flottent sur cette masse sans y être incorporés. On y voit des granoclassements normaux, inverses, des figures de traction (stratifications plus ou moins obliques) : ce sont des turbidites massives, des séquences de haute énergie (coulées de débris, séquences de Lowe). ph31-32-33.
Le bassin du Lauzanier est le bassin flexural situé le plus au nord ; mais comme pour les autres, les apports détritiques se faisaient à partir des massifs cristallins situés au sud (Maures, Corse, Sardaigne). Toutefois, on a trouvé dans l’unité supérieure des grès d’Annot des roches cristallines issues du massif de l’Argentera, ce qui prouve qu’il a fait une première surrection, probablement peu importante, à la fin du priabonien. Peut-être faut il rechercher la cause de la discordance entre l’unité inférieure et l’unité supérieure des grès dans cette première surrection.
Le pendage actuel des couches est dû à la mise en place du massif de l’Argentera à la fin du miocène. Le bassin flexural du Lauzanier est bien incorporé à la chaîne alpine et se trouve donc, en quelque sorte, coincé entre l’Argentera et la nappe du Parpaillon, ce qui laisse indifférente cette marmotte qui prend un bain de soleil sur une turbidite massive. ph34.