le dôme de Remollon (05).

                                                               Le dôme de Remollon (05).

Présentation : Lors de notre sortie à Ancelle (05) nous avons vu les terres noires (Js) qui constituent dans la ZD (zone dauphinoise) une partie considérée comme autochtone quoique un peu déplacée par endroits (voir page Ancelle). Ces terres noires entourent le dôme de Remollon que nous avons vu de loin  et sont les couches les plus jeunes. Le sillon de Gap est creusé dans ces mêmes terres noires, et le glacier durancien est passé pendant tout le quaternaire, de part et d’autre du dôme de Remollon qui a bien mieux résisté que ces dernières.

Le dôme de Remollon est constitué, en fait, de deux anticlinaux :

——-l’anticlinal Est, d’Espinasses, d’axe N-S qui plonge vers le N (vers Chorges) est celui qu’on voit le mieux car coupé, traversé en son cœur par le glacier durancien. Il culmine au mont Colombis (1733m). Il est éventré par des failles N-S bien élargies par les glaciers. Son cœur triasique se voit très bien au-dessus et de part et d’autre du village d’Espinasses. -Ph1-2.

——-l’anticlinal Ouest, de Remollon, d’axe NO-SE, plonge vers le NO (vers Gap) se voit moins bien, mais on peut suivre son flanc Ouest jusqu’aux abords de Tallard où il forme un synclinal plongeant lui aussi vers le NO : c’est le synclinal de Tallard dont le flanc méridional est rompu et chevauche au niveau de La Saulce, l’écaille de Barcillonnette. Cet ensemble dôme de Remollon, synclinal de Tallard, chevauchement appartient au lobe Ouest de la nappe de Digne. –ph 3 à 6.

——ces deux anticlinaux sont séparés par une zone linéaire de dislocations avec plusieurs failles  formant une zone affaissée que suit la vallée de l’Avance  et qui a déformé le flanc Est de l’anticlinal de Remollon. –ph7-8.

———Coupe du dôme de Remollon qui figure sur la carte géologique de Chorges –ph8a –

La plupart des failles sont des failles normales N-S qui ont abaissé, le plus souvent, le compartiment Est. La série liasique (J inf) très épaisse s’est déposée sur un bloc basculé dont on retrouve la roche du socle sous la chapelle St Roch et à Chaussenoire dans la vallée de l’Avance. Cette série s’est déposée pendant l’expansion de l’océan alpin.

Les différents arrêts vont apporter des précisions.

+++arrêt 1. Remollon- Chapelle St Roch. –ph 9 à 11 .

La chapelle St Roch est bâtie sur un piton rocheux dont le flanc Sud a été exploité en carrière avant la construction du barrage de Serre Ponçon pour protéger les vergers contre les crues de la Durance. Les blocs servaient à la construction de digues de protection.       On y trouve surtout des micaschistes à muscovite, séricite, chlorite. Il y a eu plusieurs générations de contraintes car la foliation est plissée. Il y a aussi des leptynites et des lambeaux de conglomérats à galets de gneiss, arkoses. Dans les veinules il y a des minéralisations avec barytine et sidérite. Des “collectionneurs” peu scrupuleux ont dilapidé le site. Ces roches ont subi un métamorphisme SV (schiste vert) et sont hercyniennes.                                                                                                                                                          On voit donc, ici, affleurer le socle. Des failles l’ont fait remonter.                                                   De la chapelle, on voit les terrains triasiques et jurassiques que nous allons examiner en des lieux accessibles, au cœur et sur le flanc Est de l’anticlinal d’Espinasses. –ph 12-13 .

+++arrêt 2. Espinasses. –ph 14 à 16 .

Tout autour du village du gypse est à l’affleurement ; il est daté du trias sup. il n’y a donc pas de continuité (au moins en apparence, car il y a des alluvions, de la végétation) avec le socle qui affleure à la chapelle St Roch. On peut reconnaître du gypse saccharoïde, de l’albâtre (gypse secondaire), des niveaux argileux sombres remontés avec le gypse, des calcaires dolomitiques dont certains sont plus ou moins cargneulisés par les eaux sulfatées. Ces roches formées à très faible profondeur ont été enfouies lors de l’ouverture de l’océan alpin, puis remontées lors des phases tectoniques qui ont abouti à la formation des Alpes ; ce sont des couches “savon” qui ont facilité les chevauchements.

+++arrêt 3. Au-dessus du village. Basaltes du Rhétien.

Au-dessus du gypse, la route révèle deux affleurements de roches vertes qui sont des basaltes datés du Rhétien (fin du Trias), émis lors des premières distensions qui ont précédé l’ouverture de l’océan alpin du Jurassique au Crétacé inf. Ce sont des lambeaux de coulées. Elles ont subi un métamorphisme de faciès SV (schiste vert). Ainsi  les pyroxènes sont transformés en chlorite et argiles. Elles  ont également été tectonisées au moment de la formation du pli.                                                                                                                                                 Le premier affleurement est très redressé contre une faille N-S (comme toutes celles qu’on voit sur cet anticlinal –ph1). Dans la faille ont circulé des fluides hydrothermaux qui ont métasomatisé (altéré, transformé) le basalte et  le calcaire. –pha et b.

Le deuxième affleurement montre un miroir de faille qui affecte le basalte. Enserré, il présente des plans de schistosité de fracture. Le Jinf dont le pendage est normalement vers l’Est, présente lui aussi des plans de schistosité de fracture qui indiquent un déplacement de ce jurassique sur le basalte vers le Nord (sens du plongement de l’anticlinal). –ph c à g.

+++arrêt 4. Remollon. Cascade pétrifiante. –ph 17 à 21 .

Avec cette quantité de gypse dans les villages de Remollon et d’Espinasses, les eaux doivent être très minéralisées, et même thermales.

La source de Font Salée émergeait dans les allluvions en rive droite de la Durance. Elle a disparu lors de la réalisation du barrage de Serre Ponçon. Riche en silice provenant du socle et minéralisée (Na, Cl, SO4) à partir des évaporites du trias qui affleurent non loin ; les failles et les terrains karstiques du jurassique ont favorisé le cheminement des eaux vers la surface. Il a donc fallu protéger les bétons du barrage contre la corrosion des eaux sulfatées. Température 45° à 60°C. On pourrait l’exploiter à condition de la retrouver.

A Remollon, on peut voir la cascade pétrifiante dont l’eau provient du trou de l’écluse (un fontis= effondrement en entonnoir profond dans le gypse). Elle faisait tourner la roue d’un moulin jusqu’en 1920, avant de se jeter dans la Durance. La roue pouvait tourner aussi en hiver car la température de l’eau est à 20°C : c’est une eau thermale riche en carbonates et sulfates qui pétrifie tout objet sur son passage.

+++les premiers terrains du Jurassique inf (Hettangien, Sinémurien) constituent l’assise du barrage de Serre Ponçon. Ils ne sont pas accessibles. Nous les dépassons pour aller voir le Pliensbachien (Carixien et domérien). –ph22 à24.

+++arrêt 5. Flanc Est de l’anticlinal d’Espinasses. Carixien. –ph 25 à36 .

Calcaires noirs –ph25, à patine ocre, partie supérieure ondulée -ph26. Ils sont riches en ammonites de type Lytoceras et Uptonia en particulier, et en belemnites. Là aussi des “pilleurs” ont saccagé le site. On peut remarquer la présence de petites failles N-S probablement normales qui ont rejoué en décrochement senestre pour celle-ci. Un  ruisseau intermittent a creusé son lit au niveau de cette faille. –ph 37 à39.

+++arrêt 6. Flanc Est de l’anticlinal d’Espinasses. Domérien. –ph 40 à45.

La chute du saut de Rolland entame la partie calcaire du Domérien. Les couches présentent à leur surface des fossiles d’ammonites (Amaltheus et Grammoceras), ainsi que des belemnites qui vivaient dans l’océan alpin en voie d’extension. L’identification de ces moules internes d’ammonites n’est pas simple. On voit très bien la barre rousse toarcienne qui chapeaute nombre de sommets –ph46.

———–la zone de dislocation entre les deux anticlinaux. –ph47.

Elle est empruntée par un petit cours d’eau -l’Avance- qui prend sa source à Chorges et se jette dans la Durance un peu avant Tallard. L’Avance n’est pas une rivière assez puissante pour avoir creusé une vallée aussi large et profonde. C’est une langue du glacier durancien qui l’a creusée, favorisée par la zone fracturée qui sépare les deux anticlinaux.

+++arrêt 7. Vue vers St Etienne le Laus, au Sud de la zone fracturée.

La zone fracturée est étroite ; elle affecte le Jinf et effondre le toarcien –ph 7 et 48.                Le village de St Etienne le Laus est bâti sur le J moyen (Bajocien) qui forme un relief en voie d’érosion au Nord du village ; malgré ce relief, le J moyen est affaissé sous le Jinf qui le domine ainsi que le trias qui lui fait suite.

+++arrêt 8. Au nord de la zone fracturée. –ph49-50.

En se dirigeant vers la Bâtie Neuve, à gauche de la route (vers NO), on peut voir les calcaires et marnes bien lités du bajocien inf (Jm) sur lesquels reposent les marnes noires (Jm à Js). En se retournant, on peut voir la succession Toarcien sup, Aalénien, Bajocien inf, marnes noires coupée par le lit de la rivière. –ph 51 .

On devine également la faille normale qui effondre cette partie de la vallée par rapport au J inf du flanc Ouest de l’anticlinal d’Espinasses. –ph51.

La partie NO de la vallée occupée par les terres noires est aussi effondrée par rapport au Jm (Aalénien) de la Bâtie Vieille et des Santons. –ph52.

On a  donc un véritable graben au Nord de la vallée de l’Avance.

+++arrêt 9. Au centre de la zone fracturée. –ph53.

Au niveau de l’embranchement qui conduit au village d’Avançon, on a une vue sur la montagne de l’Aigle qui domine la vallée avec sa barre rousse bien reconnaissable. On voit également le village de Notre Dame du Laus situé au bord d’un bombement bien circonscrit, constitué de gypse : c’est un diapir de gypse triasique. Le village se trouve sur sa bordure Nord et une carrière (plâtrière) sur sa bordure Sud, laissant appréhender le volume du diapir. –ph54 à56.

La ph 57 reprend les observations faites sur la rive droite de l’Avance.

De ce lieu, on ne voit pas si la zone centrale est aussi affaissée, mais on voit le diapir de ND du Laus qui s’élève. Son mouvement d’ascension est il terminé ? Peut-être pas.

+++arrêt 10. Sur le diapir. –ph 58 à 64.

La route qui conduit à ND du Laus passe sur le diapir où on peut observer à loisir, du gypse saccharoïde, de l’albâtre, des cargneules, du calcaire dolomitique, des argiles. Du gypse qui se dissout puis recristallise plus bas sous forme de feuillets très fragiles. Les fines couches de gypse sont très redressées, elles ont suivi un chemin ascendant, ondulé.

+++arrêt 11. Vue sur la rive gauche de l’Avance. –ph65.

On voit le flanc Ouest de l’anticlinal d’Espinasses constitué de J inf. Le village d’Avançon sur l’Aalénien (Jmoy) affaissé, le hameau de Chaussenoire, avec, là aussi, du socle constitué de micaschistes remontés et à l’affleurement, par le jeu de failles. Le trias ne forme pas, ici, de diapir, probablement à cause de l’épaisseur et du poids très important des couches du J inf qui sont au-dessus.

———En résumé, cette sortie nous aura permis de voir les trois parties qui constituent de dôme de Remollon qui appartient à la nappe de Digne (lobe ouest).

Les géologues alpins ont émis plusieurs hypothèses pour expliquer comment ce chevauchement aurait entraîné et remonté à St Roch et à Chaussenoire des micaschistes du socle hercynien. J’aime bien, sans apporter d’arguments,  la troisième hypothèse qui suggère qu’un lambeau de bloc basculé (socle) aurait été cisaillé et emporté sous le chevauchement (sous le gypse, couche savon) de la nappe –ph 66.