Les bassins tertiaires d’Alès et d’Issirac.
+++++Le bassin d’Alès orienté N30 s’étend de la faille des Cévennes et d’Alès qui se rejoignent à certains endroits à la faille de Barjac. Il mesure environ 50 km sur 6 km. Il est limité au nord par les gorges d’Ardèche et au sud par les Garrigues Nîmoises.
Il a 2 sous bassins :
+-+-+-+ le bassin d’Issirac N110, 15 km x 5 km.
+-+-+-+ le bassin de Ste Chaptes N130, 20 km x 8 km. La faille des Cévennes a joué en décrochement dextre, puis sénestre, puis en faille normale. Elle atteint le socle. Elle est ancienne. La faille d’Alès joue en faille normale listrique, atteint le trias lors du rifting oligocène, mais ne traverse pas le socle,. – ph1 carte géologique. +++++La sédimentation commence au priabonien inférieur dans le bassin de Ste Chaptes et au priabonien moyen dans les bassins d’Issirac et d’Alès.
+++++Le passage entre le bassin d’Alès et le bassin de Ste Chaptes se fait au niveau d’un pli anticlinal dont l’axe suit la faille de Barjac (ph1)
+++++Le passage entre le bassin d’Alès et le bassin d’Issirac se fait à la terminaison de la faille de Barjac qui se termine en queue de cheval (faisceau de failles).
+++++Bassin d’Alès : Le priabonien du bassin d’Alès a une épaisseur d’environ 600m. Il est recouvert par plus de 1200 m d’oligocène (rupélien). On ne voit le priabonien qu’en bordure Est, près de Barjac, alors qu’en bordure Ouest, il y a jusqu’à 900 m de poudingues, brèches et marnes rupéliens. Il s’est formé fin éocène par distension, en demi graben avec faille listrique (faille d’Alès) qui a un pendage de 45°E et un rejet de plus de 1000m. –ph2-3. D’où les brèches, les poudingues, les olistolithes qui viennent du côté Ouest. Le bassin est plus bas que ses bordures de presque 100 m.
+++++les bassins d’Issirac et de Ste Chaptes se sont développés dans des synclinaux Pyrénéo-Provençaux qui datent de la fin éocène (40MA environ).
Le priabonien d’Issirac a une épaisseur d’environ 200 m, avec peu d’eau (moins de10m). le bassin d’Alès est le plus subsident.
+++++la transition éocène-oligocène est marquée par un changement climatique : Glaciation antarctique (au pôle sud). Ici, il fait 5°C de moins.
3 événements tectoniques sont à l’origine des structures.
- Compression NNE-SSO. 40MA.
Chevauchements Pyrénéo-Provençaux qui donnent ici aussi des plis E-O. Raccourcissement estimé à 25 km qui plisse le crétacé inférieur en anticlinaux un déversés vers le nord. Ex : bassin de Ste Chaptes , synclinal, synclinal perché du mont Bouquet, Pli d’axe N-S de Méjannes le Clap dû à l’ouverture du fossé d’Alès,et qui plonge vers le nord, bassin synclinal d’Issirac. 2. Distension NO-SE, rifting liguro-provençal. Failles synsédimentaires N10 à N30, oligocènes. 3.Compression alpine miocène, qui donne des plis d’axe N20.
La Cèze a creusé sa vallée au burdigalien inférieur (miocène). Une question se pose : pourquoi entame t’elle le plateau anticlinal de Méjannes le Clap, alors qu’elle aurait pu passer par le synclinal d’Issirac ?
La photo 4 montre qu’il y a un jeu de failles qui provoque des subsidences de blocs (vers le sud pour l’anticlinal de Méjannes le Clap, qui a de plus un plongement de son axe vers le nord) alors que, au nord, il y a un haut fond qui fait que l’altitude du synclinal d’Issirac est plus élevée que le cours de la Cèze en bordure du plateau de Méjannes.
Les différents arrêts vont nous en apprendre plus.
Bassin d’Issirac :
++++Arrêt 1. Cimetière de Barjac.
Le fossé d’Alès est un hémigraben par le jeu de la FN d’Alès, côté Ouest –ph2-3. Côté Est, la faille de Barjac se termine en queue de cheval (faisceau de plusieurs petites failles) au nord de Barjac. Certaines sont difficiles à voir –ph 5. L’affleurement est constitué de dépôts alternés : -ph 6 à 12.
——- de calcaires marneux, gris beiges, bancs assez minces, débit en plaquettes.. ——– des marnes grises, sombres, litées plus ou moins chargées en matière organique avec vers le bas, des couches minces, parfois discontinues de lignite. Il y a des fissures, des cavités de dissolution qui montrent le caractère karstique de cet affleurement. Les fossiles (cyrènes, limnées…) sont lacustres, le milieu réducteur est peu agité. En l’absence de fossiles stratigraphiques, les inversions magnétiques. Ont été utilisées pour dater l’affleurement âge : priabonien.
++++Arrêt 2. 800m plus loin, D266. –ph13 à 15.
On est sur des calcaires bédouliens à faciès urgonien, durs, beige clairs, à pâte fine avec des débris de coquilles. Sur la droite (à l’Est), il y a des calcaires clairs, à grains fins, avec quelques limnées, en plaquettes, ce sont des calcaires priaboniens. Ils sont séparés par une faille normale nord-sud, du faisceau de Barjac. Le pendage des couches du priabonien se relèvent vers le haut, la sédimentation est en éventail. Il s’agit d’une FN synsédimentaire : la faille joue, un relief se forme, le bassin s’approfondit pendant la sédimentation. La profondeur n’était pas très importante. Une quinzaine de mètres plus loin, un olistolithe de bédoulien est moulé par les calcaires priaboniens. –ph16.
++++Arrêt 3. Ancienne carrière près du mas de Pery, à quelques centaines de mètres, à l’Est. –ph17. Une discordance du priabonien qui contient des limnées, cyrènes, charas, sur les calcaires bédouliens en bancs diaclasés, fracturés avec des débris de rudistes est bien visible dans la carrière. La discordance est une surface d’érosion, il manque le crétacé supérieur.
La coupe 18 reprend les observations faites au cours de ces deux arrêts.
++++Arrêt 4. Ancienne carrière Orgnac. Fin priabonien. –ph19 à 27.
Le calcaire est crayeux les nodules de silex sont fréquents, au-dessus, il y a des calcaires marneux clairs, des marnes. Les fossiles indiquent un faciès lacustre peu profond. On peut y trouver des lamellibranches (lucines), des gastéropodes (viviparus, potamides, lymnées, planorbes, striatelles), des végétaux difficiles à identifier pour nous, des Charas et leurs oogones, des ostracodes. Les fossiles inclus dans les silex sont particulièrement beaux. Les photos 28 à 31 ont été prises à la loupe numérique.
++++Arrêt 5. D901 vers Issirac, vers le centre du bassin.
Sur la droite de la route, au niveau d’un muret, on voit quelques couches bizarrement pliées alors que les autres ne le sont pas. C’est interprété comme un soutirage, c’est-à-dire un effondrement dans une cavité souterraine des calcaires bédouliens qui sont très karstiques. –ph 32. Cet effondrement des calcaires ont entraîné un affaissement des calcaires priaboniens situés au-dessus.
L’affleurement priabonien en bord gauche de la route est constitué de calcaires crayeux et de marnes calcaires blanchâtres ; les fossiles sont les mêmes que précédemment, lacustres avec faible tranche d’eau. Une surface d’érosion karstique les sépare d’une brèche calcaire, située au-dessus. Dans les cavités karstiques, on peut trouver des roses des sables donc du gypse ; mais ce gypse est dissous, remplacé par de la calcite, le gypse est calcitisé. C’est un horizon évaporitique, l’émersion est liée à l’aridité, puis les brèches viennent reposer dessus. -ph33 à 35.
Après avoir vu la partie nord et centrale du bassin d’Issirac, on va aller voir la partie sud.
++++Arrêt 6. Monteil D417. –ph36-37.
La limite entre les terrains secondaires (bédouliens) et le bassin (priabonien) est faillée, là aussi. La faille NNE-SSO passe au niveau de la route ; la partie droite de la route est constituée de calcaires blancs, en plaquettes, fossilifères, priaboniens.
Bassin d’Alès :
Nous allons examiner les 2 bordures du bassin :
La bordure Est, avec ses terrains priaboniens et la bordure Ouest avec ses terrains rupéliens. On fera aussi un arrêt à l’Est d’Alès pour voir des olistolithes.
++++Arrêt 7. Mine d’asphalte. St Jean de Maruéjols. D979.
De la route, sur la droite on voit les anciennes installations de la mine qui appartenait à la SFA (société française des asphaltes) de 1872 à 1932.la mine a été noyée en 2010 et fermée. La production a atteint 1,5MT. –ph38-39.
On se trouve sur la bordure Est du bassin d’Alès où affleurent les terrains priaboniens –ph1-2-3. On voit encore un chevalement et un gros tas de calcaires asphaltiques blancs. Si on casse un morceau, l’intérieur est bien noir et l’odeur de bitume bien reconnaissable. –ph40-41.
Les niveaux asphaltiques affleurent dans une zone de 35 km de long et 2 km de large, sur le bord Est du fossé. Age priabonien sup. Ils reposent en discordance sur les calcaires à faciès urgonien. On en trouve dans plusieurs couches de 0 à 300m de profondeur. L’une d’entre elles a une épaisseur de 6 à 14m et contient 8% de bitume. Le pendage des couches est d’environ 15°W. On sait qu’il y en a encore plus bas vers 5 à 600m. En 1947, des sondages pétroliers ont fourni 1300T d’une huile lourde très, trop, riche en soufre. –ph42-43. Au-dessus des calcaires asphaltiques c’est-à-dire des calcaires crayeux blanchâtres, imprégnés de bitume, il y a des calcaires et marnes feuilletées et des calcaires à lignite et Charas.
Le bitume est un mélange d’hydrocarbures de masse moléculaire élevée et de substances organiques riches en C et H, mais contenant aussi O, S, N et des traces de métaux. Le bitume est malléable.
L’asphalte est une substance noirâtre, visqueuse ou solide (dure ou très pâteuse) appartenant aux bitumes, imbibant certaines roches : c’est un calcaire imprégné de bitume ; autrement dit, le bitume est le produit qui imbibe le calcaire donnant ainsi l’asphalte.
Formation du bitume : la matière organique (algues, plancton) non décomposée, évolue dans le sédiment par l’action de bactéries en kérogène et par l’action de la pression et de la température (50 à120°), vers des bitumes et possiblement vers du pétrole.
On utilisait entre autre l’asphalte pour faire des pavés. Les pavés en asphalte amortissent les sons, par exemple le bruit des roues des fiacres et des sabots des chevaux qui les tiraient. Pour le Gard, ils sont associés aux lignites (terrestres), dans des terrains lacustres tertiaires. Leur origine est donc liée à la sédimentation lacustre peu profonde passa nt à des dépôts végétaux terrestres. Ils ont une origine autochtone.
++++Arrêt8. Pont d’Auzon. Ancienne carrière, site d’escalade.
En bordure du fossé d’Alès, on devine plus qu’on ne voie, une faille normale presque SO-NE juste après la rivière Auzon : c’est la faille de Barjac. Merci à la carte géologique ! –ph44-45.
.La carrière exploitait le calcaire coniacien (crétacé sup) de faciès récifal, riche en fossiles ; de gros rudistes radiolites, hippurites des huîtres, des nérinées.
Les couches ont un pendage vers le nord. On est sur le flanc sud d’un synclinal faillé d’axe est-ouest, qui fait suite au synclinal perché du mont Bouquet. Ils font partie des plis pyrénéo-provençaux formés il y a 40MA environ. Les stries montrent que la faille a dû rejouer, et qu’il y a eu des glissements bancs sur bancs –ph 46 à 49.
++++Arrêt 9. Allègre les Fumades. Thermes. Source de Trempe chien.
—-Les eaux thermales d’Allègre les Fumades, riches en H2S, soignent les affections des muqueuses de la bouche, la langue, elles ont une action dermatologique, sont conseillées en rhumatologie, pour l’arthrose, l’arthrite, et pour les voies respiratoires. Les thermes ont été rénovés en 2024.
—–Il y a plusieurs sources le long de la faille de Barjac. Température entre 13 et 16°C, dans l’ensemble. Les thermes utilisent un forage profond de 123m, débit 7m3/h, température 19°C. Les eaux sont sulfatées, calciques, magnésiennes, chlorurées et sulfurées. Riches en CO2 et H2S. Les eaux exploitées ont un âge inférieur à 39 ans ; elles sont le résultat d’un mélange entre eaux profondes et eaux superficielles. Le soufre des sulfures et des sulfates a pour origine le lessivage des évaporites tertiaires pour les sulfates et une origine biogénique pour les sulfures.
—–Les photos 50 et 51 (en plan et en coupe), montrent l’impluvium qui est à une altitude moyenne de 430m tout autour du mont Bouquet qui culmine à 625m. Les eaux s’infiltrent, se minéralisent, se mélangent aux eaux superficielles et remontent le long des failles, (surtout celle de Barjac), rencontrent les produits asphaltiques, ce qui explique leur chimisme. Il y a plusieurs sources, outre celle des thermes, à faible débit. Nous allons voir la source de Trempe Chien.
Une lisière de chênes matérialise le passage de la faille de Barjac qui sépare les terrains rupéliens du bassin d’Alès des terrains priaboniens de la bordure du bassin. -ph52- La source est dans le rupélien, les grès de Celas (les autres aussi). Ce sont des grès grossiers, calcaires, beiges, avec des marnes sableuses et pyriteuses à empreintes de végétaux et de Charas.les minéraux argileux sont l’illite, la chlorite, la montmorillonite.
La source de trempe chien était utilisée pour soigner l’animal de l’eczéma et autres maladies de peau. –ph53 à 55. Les voiles blancs qu’on voit flotter sont des voiles algaires, des Sulfuraires qui transforment les sulfures et sulfates en globules de soufre blanc ; c’est une réaction actuelle. Une odeur d’H2S est prégnante.
++++Arrêt 10. D171 entre St Sauveur de Cruzières et St Ambroix. –ph56 à 58.
On se rapproche de la bordure Ouest du fossé d’Alès. Les terrains sont rupéliens.
Les marnes cèdent la place à une alternance de conglomérats, de grès et de marnes gréseuses. Les poudingues contiennent des blocs d’urgonien, d’hauterivien, ils sont peu roulés, ne viennent pas de loin. Le tuilage des galets indique une provenance du nord. Ils sont issus du démantèlement des falaises de crétacé inférieur suite au fonctionnement de la faille d’Alès. L’épaisseur de la formation est d’environ 600m dont 100m de poudingues. –ph1.
++++Arrêt 11. St Brès, hameau du Gatssol. –ph1- 59 à 61.
Après le hameau du Gayssol, la route forestière est bordée à droite par des terrains calcaires et marneux du crétacé inf (valanginien) et à gauche par des terrains jurassiques sup (callovien). Des calcaires alternent avec des marnes plissotées à débit en frites qui montre qu’elles ont subi plusieurs directions de contraintes.
Entre les deux passe la faille listrique d’Alès.si on continue le chemin, on voit sur la droite le bassin avec les poudingues.
++++Arrêt 12. D6, près du pont sur l’Avène, à l’Est d’Alès. –ph1- 62.
A l’Est d’Alès au niveau de l’Avène, se trouve une série d’olistolithes venant de la bordure ouest du bassin. L’un d’entre eux a été percé pour faire passer la route.
La photo 63 montre un olistolithe d’hauterivien qui repose sur les marnes rupéliennes ; en roulant jusqu’ici, il s’est fracturé. On voit des brèches sous et sur les côtés du bloc. Les jeux successifs de la faille d’Alès en démantelant les falaises ont emporté des gros blocs sur une grande distance.
Le bassin d’Alès est un bassin lacustre. Sa bordure Est, priabonienne, est riche en calcaires asphaltiques et en eaux thermales. Sa bordure Ouest est soumise aux jeux successifs de la faille listrique d’Alès qui approfondit le bassin et déstabilise les terrains crétacés formant falaise qui s’écroulent jusqu’au centre du bassin (olistolithes).