le fossé de Quinson (04) -Montmeyan (83).

Le fossé de Quinson-Montmeyan (04-83).

Le village de Quinson, situé sur le cours du Verdon, se trouve au centre d’un fossé étroit (2km maximum), long d’une douzaine de km jusqu’à Montmeyan. ph1.

Ce fossé, limité par des falaises hautes de 150m environ (failles), est un graben.                    Un barrage implanté en amont de la faille orientale, pour compléter l’équipement hydraulique  du Verdon, bâti de 1972 à 1974, a une hauteur de 44m et une longueur de 122m, avec une culée en rive gauche (pour la renforcer). C’est une voûte épaisse (8m à la base, 3m en crête). Il retient 19 millions de m3 d’eau et produit 100Gwh/an d’électricité.   ph2-3-4.

La grotte de Baume Bonne, qui a donné de riches collections paléontologiques exposées dans le musée de préhistoire de Quinson, se trouve juste au-dessus du plan d’eau, en rive droite du Verdon. ph5-6.

L’industrie lithique traduit une évolution progressive depuis le paléolithique inférieur jusqu’au paléolithique moyen, soit une histoire longue de 300 000 ans environ : c’est le plus ancien site occupé en Provence.   ph7.                                                                                              Comme pour les autres fossés nord varois, le soubassement est jurassique supérieur, roche formée dans une mer ouverte au nord. Emergé à partir du milieu du crétacé (bombement provençal), il présente une lacune du crétacé supérieur. On trouve de la bauxite, témoin de cette émersion, un peu plus au sud. Son remplissage tertiaire est continental. Après le dépôt des sables bleutés, le bassin s’effondre, protégeant ainsi de l’érosion les dépôts du       cœur synclinal (sables bleutés). Au-dessus, tout est enlevé par érosion.   ph8-9.

Il n’y avait probablement qu’un seul bassin englobant les fossés varois. Ce bassin unique, constituant ainsi le bassin flexural le plus à l’Ouest avec celui de Montmaur (05).   ph10.

Au mio-pliocène, le bassin flexural actuel (bassin de Valensole) se comble de sédiments. Une partie repose encore sur le jurassique supérieur (côté Est) en une belle discordance.

Une partie de ce bassin de Valensole est, à son tour, incorporée à la chaîne alpine comme on peut le voir à Trévans.  ph11-12.

Au quaternaire, l’enfoncement du Verdon, suite à la crise messinienne, crée les gorges qui font la beauté unique de cette partie de la Provence.

4 arrêts sont nécessaires pour appréhender la structure du fossé.   ph13.

———-arrêt1 : Quinson, faille Est.

On a une vue sur toute la largeur du fossé avec le village de Quinson et la faille Ouest où les calcaires du jurassique supérieur chevauchent un peu la bordure ouest du fossé. Fossé rempli par les sables bleutés, peu visibles avec la végétation et les cultures.   ph14-15-16.

Ici, on se trouve au bord de la faille Est qui est une faille normale (FN). Quelques failles secondaires soulèvent des panneaux de Js comme on peut le voir en bord de route.  ph17.

Ce jurassique supérieur est un calcaire massif, de plateforme carbonatée (bombement provençal) ; de nombreux fossiles sont visibles dont des débris de rudistes, des nérinées. Il présente quelques surfaces structurales avec des bioturbations, mais aussi des joints stylolithiques (joints pression-dissolution formés au moment de la diagénèse).  ph18 à 23.

———arrêt 2 : Quinson, faille Ouest.

La faille normale qui a abaissé, de ce côté, le centre du fossé a rejoué en petit chevauchement et poussé en avant, vers l’Est, une écaille de Js.  ph24-25-26.

Cette écaille a comprimé le crétacé inférieur qui présente de petits crochons au contact du Js.                                                                                                                                                                                   Le front de l’écaille, en rive droite du Verdon, est déformé, plissé ; un pli synforme , au niveau du parking, est bien visible et son flanc ouest est verticalisé. Le restaurant-pizzéria, en bord de route, est construit juste sur le chevauchement de l’écaille  sur le crétacé inférieur.   ph27-28-29.

La vue sur le Verdon, à la sortie du barrage de Quinson est splendide et, du pont, on peut voir l’entrée des basses gorges qui aboutissent au lac d’Esparron et au barrage de Gréoux-les-Bains.  ph30-31.

———–arrêt3 : Montmeyan.

+++En venant de La Verdière par la D30 et dans la descente qui conduit à Montmeyan,  on circule sur le jurassique supérieur massif. Les couches sommitales sont moins épaisses, et disposées en bancs réguliers séparés par des bancs marneux peu épais.  ph32-33.

Un virage prononcé révèle la faille Ouest du fossé de Quinson-Montmeyan qui met en contact, ici, le jurassique supérieur et le crétacé supérieur abaissé, formant une petite écaille poussée en avant sur les sables bleutés, coeur du fossé synclinal. ph34 à 36.

Des stries obliques montrent que cette faille a rejoué en décrochement. ph37.

+++A l’entrée de Montmeyan, on peut avoir une idée plus précise de ce crétacé supérieur-paléocène dont une partie est appelée grès à reptiles car on y a trouvé des fragments de coquilles de dinosaures.  ph38.

On y voit des grès renfermant des micas blancs, des microconglomérats à éléments provenant du massif des Maures, des marno-calcaires présentant des stratifications obliques : c’est une formation continentale fluviatile.   ph 39 à 42.

 

+++Le village de Montmeyan est, quant à lui, bâti sur une bande allongée de jurassique supérieur en plein  milieu du fossé tertiaire. C’est une klippe qui provient du bord ouest du fossé, preuve, s’il en est, du chevauchement de cette bordure

ouest sur le fossé. ph43-44-45.

————–arrêt 4. coeur du fossé  vers St Maime à Quinson. ph46 à 52.


A Quinson, en prenant le chemin de St Maime (ruine), on peut voir une surface structurale à bioturbations dans les calcaires du crétacé inférieur.

Après avoir traversé le Beau Rivé, petit affluent du Verdon, on monte dans les marnes rouges éocènes à œufs d’oiseaux. On atteint vite une petite barre calcaire présentant des moules externes mal conservés de bithynies, gastéropodes d’eau douce à saumâtre. Au-dessus, la végétation dense et les cultures ne permettent de voir les sables bleutés que dans le bas talus du chemin. Des stratifications obliques sont bien visibles. Le faciès est le même que dans le fossé de Bauduen, les minéraux aussi : quartz abondant, mica blanc, grenat, staurotide, tourmaline. Minéraux provenant du massif des Maures, amenés par des cours d’eau allant vers la mer située au nord à cette époque.

Quelle époque ? L’âge est discuté depuis 50 ans. Pour les uns il serait éocène et pour d’autres qui y ont trouvé des potamides, il serait oligocène. Le fossé synclinal se forme juste après le dépôt des sables bleutés.

On ne voit pas de phase alpine comme à Bauduen, mais il y a un petit chevauchement de la faille ouest qui était une faille normale à l’origine. Ce chevauchement pourrait dater de la phase extensive liguro-piémontaise, c’est-à-dire pendant le rifting oligocène qui a précédé la dérive du bloc corso-sarde.

Le jeu d’un bloc du socle, peu profond, aurait pu réactiver le diapir de Barjols ; la couverture se serait un peu déplacée chevauchant  ainsi la partie ouest du fossé de Quinson. ph8 et 53.