Le volcan de Beaulieu– 13-bouches du Rhône.
Un volcan ? Beaucoup de monde sait qu’il y en a un du côté de Rognes, mais où ? Personne ne l’a vu !
Et pour cause ! C’est un volcan particulier de type maar, c’est-à-dire un volcan en creux rempli de lave donc, surface à peu près plane ! Voilà pourquoi personne ou presque, ne le voit !
Le volcan de type maar résulte d’une éruption phréatomagmatique ; le magma, en montant, rencontre une petite quantité d’eau (nappe phréatique, ruisseau, lagune peu profonde). L’eau entre alors en surpression jusqu’à ce que la poussée de la vapeur soit supérieure au poids des roches situées au dessus du magma. S’ensuit alors une série d’explosions très violentes qui vont ouvrir à l’emporte pièce un cratère profond (les forages se sont arrêtés à 80m de profondeur, il y avait toujours du basalte. Profondeur estimée : autour de 200m). Les débris envoyés à plusieurs km de hauteur retombent tout autour en une nuée déferlante qui va construire autour du cratère un petit croissant pyroclastique. De ce fait, on a un volcan qui ne ressemble pas aux autres : un grand creux entouré par un rebord fait de débris de roches sous-jacentes et de bombes volcaniques. ph 1- 2-3. De plus, ici, à Beaulieu, le cratère était rempli de lave, d’un lac de lave, et le croissant est aujourd’hui érodé, donc aucun relief.Un bord effondré du cratère est cependant, visible non loin de la route D14. Il sépare un terroir planté en vignes sur sol argilo-calcaire d’un terroir sur roche basaltique. ph4.
Des restes du croissant pyroclastique sont encore présents, malgré tout, en bordure du chemin, tout près de la ferme de Beaulieu -ph5, au Sud-Ouest, où nous avons trouvé des petits galets de quartz vert, indice de la transgression miocène, et aussi quelques laves en coussins qui témoignent d ’une mise en place dans l’eau (mer burdigalienne). ph -6-7.
Il est encore présent aussi, au lieu-dit le vallon, au nord, où nous avons trouvé une valve d’huître miocène, ce qui confère à l’éruption un âge tertiaire, conforté par les datations radiométriques effectuées : 18,2 MA avec 0,5 MA d’incertitude. Donc âge burdigalien. ph8.
Ce volcan s’est mis en place dans un contexte de divergence initié à l’oligocène sur un noeud de failles N-S et E-W. Il est contemporain de l’ouverture du bassin océanique provençal, suite à la dérive du massif corso-sarde.
Le volcan a connu une ou deux éruptions. Un premier lac de lave a comblé le cratère. On y trouve la roche du côté Ouest du cratère, au milieu des vignes. C’est un basalte très foncé, riche en nodules de péridotite altérée-ph8b, arrachés au manteau. Le magma a donc une origine profonde (plus de 30km).
Un deuxième lac de lave a occupé la partie Est du cratère. C’est cette roche entièrement cristallisée (structure doléritique) que les carriers ont exploitée. ph3-9-10.
Les affleurements altérés montrent une érosion en boules alors que ceux qui ne le sont pas révèlent une prismation (en orgues) assez fruste. ph-11-12-13.
Les derniers signes de l’activité volcanique, alors que le lac de lave terminait sa solidification, se manifestent par l’arrivée de gaz qui se condensent en gros cristaux dans des fissures et donnent une roche filonienne constituée de plagioclases, de pyroxènes (augite) et d’oxydes de fer –ph14 A cause de sa ressemblance avec des pegmatites, cette roche a été appelée pegmatitoïde. ph15.
La sédimentation reprend ensuite, avec des dépôts continentaux, non loin de la ferme de Beaulieu, datés par une faune de micromammifères (zone MN3-Aguilar, 2003) de 17,2 à 16,8Ma (burdigalien supérieur).
Photos complémentaires : ph16- zéolites remplissant les bulles dans le basalte
Ph17- huître miocène trouvée en 2013 dans le croissant pyroclastique, au lieu-dit le vallon.
Les vins du volcan
Le domaine de Beaulieu, avec ses 140 ha de vignes plantées au cœur du cratère, offre un terroir très diversifié par des expositions diverses (Ouest, surtout), des sols différents : argilo-calcaires et volcaniques, ce qui donne une typicité réelle aux vins élaborés avec des cépages tels que :
Grenache, cabernet sauvignon, syrah, cinsault, mourvèdre pour les vins rouges et rosés.
Sauvignon, rolle, ugni, semillon pour les vins blancs.
Les vins sont des AOC coteaux d’Aix-en-Provence certifiés « agriculture raisonnée ».