le fossé de la Roque d’Anthéron (13).


Le fossé de la Roque d’Anthéron et le chaînon des Costes

Introduction.

Le village de la Roque d’Anthéron, situé non loin de la Durance est bâti au cœur d’un fossé (graben) oligocène bordé par des failles normales. -ph1

Fossé issu du rifting qui a précédé la formation du bassin algéro-provençal et de la dérive corso-sarde.                                                                                                                                                               La méditerranée nouvellement formée va transgresser plusieurs fois pendant le miocène (burdigalien, langhien-serravallien, tortonien). Des témoins de ces transgressions qui viennent sceller les failles normales sont visibles sur et autour du chaînon des Costes.

Au cours du miocène, le massif se soulève, portant le burdigalien bien au-dessus du langhien plus récent. Fin miocène, suite au contre coup de la surrection alpine, le massif chevauche en rampe vers le sud son avant-pays. Le miocène se coupe alors en deux, constituant un plateau dont il reste des lambeaux (Vernègues, Sèze, Manivert, le Pigeonnier) non plissés et un ensemble plissé en avant du massif (formant  parfois des écailles).

Au messinien, suite à la fermeture du détroit de Gibraltar et d’une perte en eau de 1500m environ de la Méditerranée, la Durance creuse une gorge profonde de près de 1000m au droit de la Camargue.  ph2-3.

Fin messinien, lors de la remise en eau de la Méditerranée, la mer remonte en ria le long des gorges creusées précédemment par la Durance. On en voit des traces en deux endroits dans le chaînon des Costes.

Les différents arrêts dans la partie orientale du chaînon vont apporter des précisions, et compléter les informations recueillies dans la partie ouest du chaînon.

Deuxième sortie : partie orientale du chaînon et fossé de la Roque d’Anthéron.

Pour des soucis de clarté, les explications ne suivent pas toujours l’ordre des arrêts.  -ph4.

  Arrêt 1 et 1’. lac de St christophe et D561 près de Sylvacane.

Ces deux affleurements ont enregistré le retour de la mer au pliocène inf, en ria, le long d’une gorge creusée par la Durance au messinien.

A St Christophe, sur la paroi de la gorge, se sont formés des encroûtements ferrugineux type hard ground et des placages d’huîtres sont visibles en plusieurs endroits de l’affleurement. –ph5 à 9.

Sur la D561, le contact paroi de la gorge et argiles du pliocène inf est bien vertical. Dans les argiles, on a trouvé, lors d’une sortie précédente, une valve d’huître. Le calcaire hauterivien porte des perforations de pholades. Certaines perforations sont comblées par des sédiments pliocènes (argiles plus ou moins sableuses). –ph10 à 14.

Arrêt 2. Bauxite.

A la fin du crétacé inférieur, dès l’albien, la Provence émerge en un bombement (durancien ou provençal, ou isthme durancien) formant un chapelet d’îles. –ph15.  Le climat tropical va alors altérer les marnes aptiennes et albiennes. Par lessivage, les argiles perdent leurs silicates et se transforment en kaolinite (perte de 50% de silicates). Au terme du lessivage (plus du tout de silicates), il reste de la gibbsite, minerai d’aluminium, Ô combien recherché ! L’ancienne mine de Sylvacane contient encore un peu de bauxite, de bauxite avec kaolinite, et un peu de gibbsite qui imprègne les calcaires hauteriviens. Cette bauxite se trouvait piégée dans une ou plusieurs cavités karstiques dont on voit encore, par endroits, des colonnes dans le mur d’une cavité. Le toit devait être rognacien lacustre ; il y a des affleurements de part et d’autre de la mine (carte 1). –ph16 à 19.

Arrêt 3. La Roque d’Anthéron. –ph 20 à23.

Le centre du graben a été occupé par un lac oligocène ; on peut voir des dépôts calcaires et marneux stratifiés dans le village. Les fossiles peu abondants ici, sont surtout des Charas (tiges et oogones) qui attestent du caractère lacustre des dépôts.

———–Les bordures du fossé.

Le fossé, étroit (2,5km), est bordé par des failles normales (FN) ; on peut les voir aux arrêts 4, 7 et 9.

Arrêt 4. Bordure ouest. Une partie de la grande faille normale orientée NE-SO se voit bien. Aux strates calcaires de l’hauterivien inf succède une brèche qui nourrissait le fossé à chaque jeu de la faille. Du détritique plus fin (argiles) se déposait lors des périodes d’accalmie. On a ainsi une succession  brèches-argiles (arrêt6) sur les bords du fossé et une sédimentation calcaire, au centre. –ph24 à30a.

Arrêt7. Bordure Est. On est à l’extrémité SO du bassin. Le jeu de la FN a rempli toute cette partie du bassin. Au-dessus, domine le plateau de Sèze (burdigalien) qui repose en discordance sur une surface d’érosion qui concerne l’hauterivien et l’oligocène. Le burdigalien vient sceller la FN du bassin qui ne s’agrandit plus.  –ph30a à32.

Arrêt9.  Bordure Est du fossé, juste avant d’atteindre le plateau de Manivert (burdigalien), qui scelle la FN un peu plus loin. On a ici, le rognacien abaissé au niveau de l’hauterivien par le jeu de la FN orientée E-O. là aussi, le bassin est rempli. Le burdigalien repose en discordance sur l’hauterivien et le rognacien par une surface d’érosion. –ph 1-30a-33-34.

——-les transgressions du miocène.

Arrêt 5. Biseau transgressif du burdigalien (m1). Plateau de Sèze. –ph35 à 38.

La mer burdigalienne arrive sur une surface d’érosion. A la base de la transgression un conglomérat plus ou moins roulé avec des « galets » présentant des perforations de pholades. La roche est claire, avec des plages blanches qui sont des algues rouges calcaires (Mélobésiées). La couleur rouge a disparu, il reste le thalle calcaire et des rhodolites : structures plus ou moins sphériques dues à la croissance de thalles d’algues rouges qui se rencontrent, se rebroussent et donnent ces structures plus ou moins globuleuses. –ph39 à 41.

Arrêt 6. Conglomérat de base du burdigalien avec perforations de pholades sur une surface d’érosion oligocène. –ph42-43.

D’anciennes carrières de pierre du midi entaillent la falaise du plateau de Sèze.   -ph44-45.

Arrêt 10. Burdigalien du plateau de Manivert, avec ND de Goiron en bout de route, haut lieu de la résistance ; une stèle est là pour nous le rappeler. Quelques maisons troglodytiques sont visibles à flanc de falaise, ainsi que des tombes creusées dans la roche. Des sculptures à l’entrée d’une maison sont là pour conjurer les mauvais esprits de rester dehors. La vue sur le fossé est très belle. –ph46 à52.

Le faciès de la roche nous rappelle qu’il s’agit d’un dépôt peu profond, remanié par les courants, riche en débris d’animaux et d’algues calcaires (barre, dune hydraulique). –ph53 à55.

Arrêt 8. Transgression du langhien-Serravallien (m2). –ph30a-56-57-58.

Une nouvelle surface d’érosion est très visible en bordure de route. Elle présente de nombreuses perforations de pholades qui caractérisent la zone de balancement des marées, donc un rivage. Elle est recouverte par un biseau transgressif discordant de langhien (marnes sableuses micacées et calcarénites).

Une constatation importante s’impose : le langhien devrait être au-dessus du burdigalien puisqu’il est plus récent ; or il se trouve à une altitude bien inférieure. Donc, entre le dépôt du burdigalien et celui du langhien, il y a eu un soulèvement du massif. Une nouvelle érosion va permettre au tortonien (m3) de se déposer sur tout  le massif. On le voit dans la partie Ouest (page chaînon des Costes), puisque le vieux Vernègues est bâti sur le tortonien

——–le chevauchement du massif des Costes, dans cette partie orientale.

Arrêt 8a. chemin du camp d’Eyguières. –ph59 à63.

Le chevauchement de la chaîne des Costes vers le SE, entraîne, en avant, le langhien discordant. Le tout chevauche le tortonien en formant une petite écaille de tortonien qui domine la plaine.

———Résumé sur les 2 sorties dans le chaînon des Costes.

Après une sédimentation continue pendant le début du secondaire, la basse Provence émerge à l’albien en un bombement sur lequel vont se développer les bauxites dont certaines vont être piégées dans des cavités karstiques.

La sédimentation ne reprendra qu’à la fin du secondaire, en milieu continental (lacustre).pendant que la basse Provence commence à se structurer. Fin éocène, les chevauchements sud-provençaux s’initient et, ici, on a une succession de plis en anticlinaux et synclinaux (Costes, Luberon, Alpilles). A l’oligocène, en réponse au rifting qui va aboutir à la dérive corso-sarde, le fossé de la Roque d’Anthéron se forme dans le chaînon des Costes. Après érosion, les transgressions du miocène marquent l’ouverture de la Méditerranée actuelle. Un premier soulèvement a lieu entre le burdigalien et le langhien. Fin miocène, suite à la poussée alpine, le massif des Costes chevauche vers le SE son avant-pays. La suite est décrite dans l’introduction.

L’histoire des Costes est liée à celle du Luberon et Ventoux-Lure. C’est toute la couverture secondaire et tertiaire qui glisse sur le trias (couche savon) ; glissement induit par la surrection des Alpes et marqué par des séismes historiques. Le glissement s’amortit vers le sud par le plissement du Luberon, des Costes, de la Trévaresse et il est bloqué, actuellement, par le chevauchement pyrénéo-provençal au niveau de la Nerthe. –ph64.