Cassis et La Ciotat (13) ….au crétacé supérieur.

    Cassis et La Ciotat (13) ……au crétacé          supérieur.

Situés dans le Parc national des Calanques, Cassis et La Ciotat figurent parmi les plus beaux sites des Bouches du Rhône. Les falaises soubeyranes surplombantes ajoutent de la couleur au bleu de la mer.-ph1a.                                                                                                                      La carte géologique nous montre que ces deux villes sont situées aujourd’hui sur le flanc NO  du synclinal du Beausset. –ph1.                                                                                                            Ces deux villes se trouvaient, au crétacé supérieur, sur les marges du bassin Sud  Provençal (BSP) : Cassis, sur la marge nord, et La Ciotat sur la marge sud. Ce bassin n’était pas très large (une quinzaine de kms).                                                                                                                    Après les dépôts des calcaires à rudistes du barrémien qui constituent une très grande PFC (plateforme carbonatée) allant de la Provence au Jura, le BSP s’ouvre ; les sédiments marneux marins du gargasien (aptien sup) sous le château de Cassis en témoignent. –ph2.     La discordance située sous le château correspond à l’épisode du bombement provençal (durancien) qui affecte aussi cette zone. La mer revient au cénomanien moyen. Les couches au-dessus des marnes gargasiennes se déposent alors en discordance. Les sédiments resteront marins jusqu’au santonien supérieur. –ph2.                                                    Le BSP était constitué de 2 aires de sédimentation : un bassin au sud à dépôts carbonatés et silicoclastiques (épaisseur environ 1300m) et une PFC au nord à dépôts carbonatés, moins épais (4 à 500m). Ce bassin était limité  par 2 terres émergées : le bombement durancien au nord et le massif méridional (MM) au sud qui fournissait le matériel silicoclastique. La limite entre bassin et PFC se trouve entre la couronne de Charlemagne et le plateau du Castellet. –ph3.                                                                                                                       Le BSP était un élément, en marge NE du rift pyrénéoprovençal qui séparait la plaque Europe de la plaque ibérique en dérive sénestre. Le MM, en marge sud était coincé entre de nombreuses failles, émergé, parfois soulevé, il était soumis à une forte érosion. Les failles de ce bassin avaient un jeu normal et décrochant (transtension). –ph4-5.                                   La photo 6A est une reconstitution schématique du bassin, proposée par J.Hennuy dans sa thèse (2003).

Nous allons parcourir ce BSP depuis sa marge nord, jusqu’à sa marge sud.

+++La marge nord : depuis le pas de Bellefille jusqu’au pas de Julien en passant par la couronne de Charlemagne.

  1. Le pas de Bellefille est couronné par une barre calcaire bien visible dans le paysage : c’est la PFC en place de la marge nord du BSP.-ph6 à 8.

Cette barre est constituée de calcaire à rudistes de la famille des Hippurites et des Radiolites. Ils lui donnent un âge turonien supérieur.                                                                           Les Hippurites sont reconnaissables à leurs piliers internes.  Ce sont des mollusques bivalves à valves asymétriques qui vivaient fixés au sédiment ou à tout autre objet, y compris des valves d’autres rudistes, par leur valve inférieure, droite, conique.  Organismes grégaires, ils formaient des bouquets dont l’ensemble constituait une véritable formation récifale. On trouve également des bouquets renversés, donc des fossiles vus longitudinalement, le renversement étant dû à une instabilité du support, au poids des organismes, à de petits séismes…

Les Radiolites n’ont pas de piliers et leur test épais est celluleux. Le calcaire à rudistes contient également de nombreux microfossiles et des débris au sein de la boue carbonatée. –ph 9 à14.

Position des affleurements du pas de Bellefille (en 1) sur le bloc- diagramme du bassin (Hennuy, 2003). –ph15. A la limite entre la PFC et le bassin.

2.La couronne de Charlemagne se voit de loin et se reconnaît bien à sa forme. C’est une corniche calcaire au-dessus d’un talus constitué de calcarénites quartzeuses et de brèches, plus ou moins recouvert par la végétation. –ph16-17. Du sommet, on a une très belle vue par temps clair, sur la baie de Cassis et sur le massif des calanques. –ph18-18a.

Les fossiles de rudistes au sommet de la barre sont en position de vie (à la verticale). Ce sont surtout des radiolites Duranias. On peut voir cependant des sections transversales et longitudinales. Le pendage montre que les calcaires ont été légèrement  basculés : c’est un fragment de PFC détaché qui a un peu glissé vers le bassin en contrebas. -ph19 à22.

Position de la couronne de Charlemagne (en2)  sur le bloc-diagramme du bassin. –ph23.

3. Le Pas de Julien est un col au pied de la couronne de Charlemagne qui permet d’accéder au Baou de la Saoupe, puis au Pas de la Colle. –ph16-17.                                               En regardant vers le sud et en allant voir, au niveau du col, on peut reconnaître et situer  les différentes roches. –ph24-25.

—Les marnes quartzeuses forment le talus occupé par la pinède et le vignoble.

—Les brèches stratifiées, à éléments calcaires et débris de rudistes proviennent de la bordure de la PFC qui s’écroule dans le bassin. –ph26-27.                                                              Elles ont donc resédimenté dans le bassin au pied de la falaise que devait représenter la couronne.

—Les calcaires et calcarénites quartzeuses, plutôt beiges, stratifiées, forment une corniche au-dessus du talus. Elles résultent de la sédimentation normale dans le bassin. Elles sont constituées d’éléments détritiques quartzeux venant du sud et de carbonates issus de la production biologique des êtres vivants (boues, plancton, échinodermes, mollusques etc…). –ph28.                                                                                                                                                           Du Pas de Julien, en regardant la couronne, on voit bien qu’elle a un pendage vers le bassin et que les couches décrites viennent buter contre elle. –ph29.

Position du Pas de Julien (en 3) sur le bloc-diagramme du bassin. –ph30.

+++la marge sud :  La Ciotat. Le Mugel, la calanque de Figuerolles. –ph 31 à 36.

Les reliefs de La Ciotat, en bord de mer, sont très différents des paysages habituels calcaires et/ou marneux, pour la plupart. Il s’agit de poudingues polygéniques à galets exogènes variés (gneiss, quartzites, grès, cipolins, schistes, calcaires noirs….) provenant du MM cristallin. L’érosion éolienne y a creusé des taffonis (cavités). Les galets sont organisés en séquences (les gros en bas, les petits, au-dessus). Le pendage est fort  30°vers le nord (45° mesurés, auxquels il faut soustraire 15°, pente moyenne du synclinal dans lequel on se trouve). Ils ont été mis en place par des avalanches de type turbidite grossière. Il s’agit d’un Gilbert delta, c’est-à-dire une pente des vallées forte, une sédimentation grossière de type turbiditique, une progradation vers l’aval avec une pente prononcée des foresets (jusqu’à 35°) qui constituent le prisme marin, le prisme continental avec dépôts fluviatiles grossiers peu pentés qui constituent le topset ne sont pas préservés ici. –ph37. Il y a deux Gilbert delta : le bec de l’Aigle et le rocher du Capucin, séparés par la calanque de Figuerolles. -ph 38.

Position de la calanque de Figuerolles (en 7-8) sur le bloc-diagramme du bassin. –ph39.

+++le bassin : depuis la D559 près de l’autoroute A50, jusqu’à la route des crêtes, en passant par Cassis.

  1. Pont de la Bécasse. D559, près de l’autoroute A50. –ph 40 à 42.

—–Au lieu dit pont de la Bécasse, nous avons une vue sur l’autoroute A50, en toute sécurité. La tranchée de l’autoroute nous révèle un affleurement composé de nombreux blocs décamétriques, calcaires. On peut constater que les pendages sont différents d’un bloc à  l’autre ce qui donnne un aspect chaotique à cette formation. Certains présentent des plis qui indiquent que le sédiment n’était pas encore complètement lithifié : ce sont des olistolithes resédimentés dans le bassin, provenant de l’écroulement du bord de la PFC en place, suite au jeu de failles normales et décrochantes qui agrandissaient le bassin. L’ensemble de ces olistolithes constitue un olistostrome.

—–affleurement situé au parking.  –ph 43 à 47. Ce sont des calcarénites quartzeuses de couleur beige. Les éléments siliceux proviennent du massif méridional émergé au sud, les éléments carbonatés sont riches en débris de fossiles, en particulier des piquants d’oursins bien visibles. On peut noter la présence de stratifications obliques : il s’agit de base de dunes hydrauliques mises en place par des courants qui balayaient le fond du bassin (et non par la gravité).                                                                                                                                       Position du pont de la Bécasse (en 4) sur le bloc-diagramme du bassin. –ph 48.

2.Route des crêtes. De la Ciotat vers Cassis.

En quelques lieux, on peut voir plusieurs types de sédiments  qui se répètent.

——–en montant vers le sémaphore : Dans le grand virage parking.

+++Des calcarénites quartzeuses,  d’aspect très gréseux, dune hydraulique à stratifications obliques, mise en place par des courants au fond du bassin. donc sédiments autochtones. –ph49.

+++ Baou Rous, le pont naturel  et la carrière du Loin.  –ph50.

Baou Rous avec ses formes d’érosion est constitué de brèches calcaire, débris provenant de l’écroulement gravitaire d’une partie de la PFC en place, au nord : c’est une resédimentation  carbonatée (RSC) qui repose sur des poudingues qui sont aussi des resédimentations  mais provenant du sud, du MM et de ses deltas. Il y a des olistolithes de poudingue, les foresets n’ont pas le pendage  Nord, qu’ils devraient avoir s’ils étaient en place. –ph51.

+++le pont naturel est aussi une RSC , un peu plus ancienne que celle de Baou Rous ; elle repose et épouse la forme, avant érosion, du poudingue sous-jacent qui est aussi une resédimentation (RST) . en effet les foresets ne penchent pas vers le nord. C’est un olistolithe de poudingue. –ph 52-53.

——-au sémaphore.  Vue exceptionnelle  sur la baie de La Ciotat et sur les deux  Gilbert deltas. On peut voir également 2 RSC provenant du nord, de la PFC en place, venir buter contre des RST venant du sud, des deltas. Il y a alternance de dépôts venant du nord et de dépôts venant du sud. –ph54.

——-au belvédère.

On peut voir une grand bloc de calcaire (RSC) emballé dans les poudingues et grès (RST). –ph55.                                                                                                                                                                       Dans le virage sous le belvédère.                                                                                                               Deux olistolithes de calcaire (RSC) sont emballés dans le poudingue (RST), mais aussi un grand bloc de calcarénites quartzeuses, d’aspect très gréseux,, roche autochtone du bassin, dune hydraulique avec ses stratifications obliques, est légèrement déplacé sur  des grès autochtones. –ph 56 à 60.

La vue sur les calanques est très belle, et on peut voir également des formes d’érosion en boules dans les grès autochtones. –ph61.

Position de la route des crêtes (en 6-7) sur le bloc-diagramme du bassin. –ph62.

——–Cassis. On n’a plus accès à la pointe des Lombards, donc il faut se contenter d’une vue générale. –ph 63-64.

Le paysage superbe nous montre sous le château de Cassis, la discordance entre le gargasien et le cénomanien, puis la limite figurée sous le jas de la Penna entre le cénomanien sup et le turonien inf. Les marnes  sont très ravinées et des glissements de terrains se produisent de temps en temps.

Position de Cassis  (en 5) sur le bloc diagramme du bassin. –ph62.

   3. ancienne carrière du Loin. La Ciotat. –ph65 à 67.

Pour y accéder, on passe devant plusieurs anciens fronts de taille dans des grès grossiers  resédimentés RST. Des racines de pins s’insinuent dans tous les espaces libres et écartent de gros panneaux de grès, ce qui accélère l’érosion.                                                                         Dans la carrière on retrouve les 3 types de sédiments, à savoir des calcarénites  quarzteuses autochtones, des  resédimentations carbonatées-RSC- (brèches, olistolithes), des resédimentations terrigènes-RST. –ph68.

En fait, il y a 2 RSC :  -ph 69-70.

-+-+-+ une inférieure, correspond à celle qu’on a vue  dans la tranchée de l’autoroute avec un chaos d’olistolithes. Ici, il y en a un, sur la droite, avec de la brèche par-dessus. Il a commencé à s’éroder. Il est recouvert par la suite par une RST venant du sud.

-+-+-+ une nouvelle RSC arrive du nord et recouvre RST en allant plus loin vers le sud que la RSC précédente (inférieure).

-+-+-+ enfin le calme revient avec les dépôts autochtones qui sont au sommet du front de taille.                                                                                                                                                                   Position de la carrière du Loin (en 6) sur le bloc-diagramme du bassin. –ph71.

Nous aurons pris conscience, en parcourant ce petit bassin, qu’il a été soumis à l’influence de ses 2 marges : marge carbonatée au nord, marge détritique terrigène et cristalline au sud. Les apports étaient épisodiques, contrôlés par la gravité et soumis à l’action de failles qui agrandissaient le bassin.   Il faut ajouter à ces apports, la sédimentation autochtone par décantation, par le jeu de courants circulant dans le bassin. On arrive ainsi à avoir une idée de l’histoire de ce bassin au turonien supérieur, âge des terrains traversés.